Comment je cueille la capucine

Je mets mes yeux de lynx, j’enfile la tenue souple et furtive du chat qui guette. À l’affût, sur le qui vive, je cible les taches oranges sur la ligne.
C’est qu’elle a pas l’air comme ça la capucine, elle a mis sa robe de soirée, élégante et chatoyante, on pense qu’elle s’offre au regard qu’elle veut se faire voir, qu’elle est fort cantatrice, mais derrière ses grands airs elle voile une fragilité d’oiseau. Elle dit « laissez moi », et se dissimule derrière son paravent de feuilles de nénuphars.
Il faut la comprendre; ses tiges creuses et cassantes cèdent au moindre geste brusque comme des talons aiguille. Le prix de l’élégance.
A l’abri des regards dans son écrin de fraicheur, elle cultive son jardin secret.
J’ouvre le rideau de feuilles, délicatement, et fouille dans les entrailles. Je cherche celle qui se dissimule.
Ses boutons aussi, camouflés bien à l’ombre.
Ceux là, ça fait toujours un peu mal de leur ôter la chance d’aller au bal, ils n’écloront jamais. Mais c’est, qu’après, en bouche, ils éclatent comme un feu d’artifice. Alors on se console.
Et puis passer son chemin. Aller voir le bouquet suivant, comme un chasseur. Finir la ligne de cette manière.
Et l’air de rien, comme en passant là par hasard, revenir par l’autre côté, nonchalamment.
Car on en oublie toujours. Elle est coquine de se cacher comme ça, mais on la trouve et on la croque bien volontiers pour qu’elle dévoile son caractère:
fort et puissant, piquant, épicé, généreux.

Un commentaire sur “Comment je cueille la capucine

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  1. Félicitation Murielle Je trouve ton site sympa. Tout y est bien expliqué, alors on se laisse guider !!!! bonne réussite c’est un beau projet qui commence à aboutir. Bravos. Brigitte et Gaby

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