Premiers rayons de chaleur, fraicheur sortie de terre, entre les deux s’élève la primevère. La bonne amie, toujours au rendez-vous, fidèle, sincère et généreuse.
Comme une poignée de grains de soleil posée sur la terre elle égaye le printemps, et j’accueille avec joie ma première cueillette de l’année.
A quatre pattes dans les sous bois, froissements de feuilles, craquements de branches de brindilles, je frissonne à l’idée que les chenilles de la Pyrale, chenille du Buis, se glissent dans mon cou, une tique une araignée dans mes cheveux, mais j’oublie vite.
Accrochée par les ronces et les églantiers je me faufile vers les bouquets de taches jaunes au milieu des feuilles mortes.
Brun, beige, terre, cramoisi, bois, ombres morcelées, écorces rugueuses, racine saillante, feuilles dentées, dentelées, retournées, lumière entrecoupée de branches, striée, posée. Taches de terre ou de lumière?
Tableau impressionniste.
Le genou s’enfonce dans l’humide mousse ou rase le rocher. De droite et de gauche, senteurs ascendantes de terre humide, d’humus de champignons, ça tire vers le sol, ça happe, ça ramène au corps.
Fragrances volatiles de violettes qui se mêlent aux subtiles et légères primevères, elles me baladent.
Des volutes fleuries ou fruitées par bouffées s’invitent, s’ajoutent aux salutations piquantes et boisées de résineux lointains.
Les odeurs, c’est le paysage qui rentre à l’intérieur de soi, qui pénètre… qui vous envahit.
J’attrape ces notes suspendues à mon nez, je hume et réveille mon animal aux aguets. Et je suis la trace des primevères, toujours, par poignées par pincées elles se laissent emporter avec bonhomie.
Mon panier se remplit.
J’ai plein de copines fraiches et souriantes.
Elle rient, souvent elles rient comme une amie ou la chevelure blonde du petit prince. Rire de cristal. C’est vrai, c’est simple. C’est le printemps, mille et un témoins vous le confirmeront.
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