Aubépine

Dans notre monde, elle est ici et là...
sauvage et vagabonde.
De l'autre côté du miroir...
elle est reine.

Elle jaillit des hautes herbes, où bon lui semble, à pleines griffes
entre dans son domaine et rend à la prairie son animalité perdue.
L'alpage inoffensif devient forteresse hérissée.
Sa couronne d'épines perce l'écorce, protège les démunis,
c'est le nid c'est le refuge.
Elle dresse ses pointes vers tes mains dénudées dansantes à la recherche du remède,
fleurs puissantes et désuètes,
trophées, trésors de pauvre, banal bouton, petits pétales
d'où coule une odeur suave et nauséeuse qui traîne
ambivalente
lancinante

Elle est reine
sourit sans ciller en plein vent
comme un arbre sait sourire
sans justification.
Elle règne sans sujets, sans ordres, sans remous, sans nécessité,
il lui suffit d'être là.

Sa présence te traverse,


des collines, un ciel bleu, du soleil, l'air qui souffle, et...
dans ce vent tu reconnais ton souffle...
c'est le tien
qui balaie ce paysage
tu ne comprends plus,
tu crois regarder un arbre
mais c'est toi le voyant qui te regardes à travers lui.
Vois ces bras tendus vers tes fleurs convoitées,
mains aventureuses dans un treillis de bois dense
mains fragiles, pâles, sans défense, seules
à qui sont elles ?
Elles fouillent, fouinent sans vergogne,
tournent autour de toi, chatouillent ton ego.


Magnanime,
tu les laisse courir tes branches
comme des insectes ennuyants,
et tu donnes de toi.
Qu'importe ce larcin,
il est petit,
si petit
pour un être aussi grand.

3 commentaires sur “Aubépine

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  1. Magnifique plume Muriel ! Jamais rien lu de tel dans toutes mes recherches. Tu devrais poursuivre cette voie de l’écriture autour des plantes inspirantes. Et trouver une illustratrice (ou toi ?) pour éditer un recueil. Bravo 🧡.

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